Sortir de la crise et regarder en avant
Au moment d’écrire ces lignes, le déconfinement se déroulait en mode grand D. Qu’est-ce que ça signifie pour le Réseau Mentorat?
Charles Sirois, président du conseil d’administration, et Pierre Duhamel, directeur général, y vont de leur analyse.
Charles Sirois : Le flou se dissipe progressivement, mais on ne peut pas s’empêcher, comme entrepreneur, de réfléchir sur l’attitude à adopter pour passer au travers. En général, cette crise illustre parfaitement la pertinence du mentorat : quelle attitude adopter face à une ère nouvelle, inédite. Aujourd’hui, on en est rendu à ceci : comment aborder la sortie de crise? Quels seront les sacrifices pour toutes les parties prenantes dans la société?
Pierre Duhamel : Depuis un an, j’ai souvent entendu qu’à cause de la pandémie, on allait perdre des entreprises. Moi, ce qui m’importe, c’est qu’il ne faut pas perdre nos entrepreneurs.
Tout le monde, dans l’écosystème entrepreneurial, se soucie des entreprises. Nous, notre priorité, ce sont les entrepreneurs. On doit s’assurer de maintenir vibrante la fibre entrepreneuriale, peu importe le contexte. C’est pour cela que nous sommes si fortement impliqués dans l’Indice entrepreneurial québécois. Parce que nous mesurons l’état de la culture entrepreneuriale. Dans une crise comme celle-là, on s’est rendu compte à quel point les entrepreneurs sont importants, que l’économie est au cœur de nos vies. Et que si les entrepreneurs vont mal, la société val mal dans son ensemble.
On a également découvert que la culture entrepreneuriale ne s’est jamais aussi bien portée! Le métier d’entrepreneur a une aura extraordinaire, surtout chez les jeunes, pour qui c’est désormais le métier de choix.
Contrairement aux générations précédentes, les jeunes ont appris à respecter les gens qui prennent des risques pour réaliser ce qu’ils aiment dans la vie.
CS : Ces dernières années, le Réseau Mentorat a fait des pas de géant pour se redéfinir, se repositionner, améliorer son offre de service, sa notoriété, ses opérations, assurer sa pérennité. Avec cette crise, on est partis pratiquement de zéro avec le numérique. Nous avons refait la gouvernance, les opérations, la formation de nos mentors, et le risque financier est moindre qu’il y a cinq ans. Notre organisation est beaucoup plus solide sur ce plan, car nous avons diversifié et solidifié nos sources de revenus. Tout ça, c’est derrière nous. Désormais, on regarde en avant.
La réalité, c’est que le Réseau Mentorat repose sur trois piliers : une combinaison efficace d’échanges virtuels et présentiels, notre Rendez-vous annuel et l’Indice entrepreneurial.
PD : Par contre, il subsiste un déficit de notoriété. Nous devons être encore plus présents et plus actifs sur le terrain.
En cette sortie de crise, on a fait la preuve que notre réseau est plus pertinent que jamais. Mais nous avons encore du travail à faire pour améliorer la reconnaissance de notre marque. Beaucoup d’entrepreneurs ne savent pas qu’on existe. Nous devons aussi recruter davantage de mentors, qu’ils soient toujours mieux formés. Il faut se donner plus d’envergure sur tous les plans. Et ça passe tant par une approche géographique que sectorielle. Nos percées du côté de l’agroalimentaire, des biotechs et de l’économie sociale nous permettent déjà d’attirer davantage d’entrepreneurs, mentors comme mentorés. On ne manque pas de travail, mais l’avenir s’annonce très beau.
CS : Nous avons aujourd’hui les moyens de nos ambitions : nous disposons des capacités humaines, matérielles et financières. Nos mentors sont désormais à l’aise avec les outils technologiques. En fait, le retour à la normale ne signifie pas l’abandon complet du virtuel. Ça va rester dans la société. Au Réseau Mentorat, on va continuer à se servir de ces outils pour augmenter notre capacité à recruter et à servir nos mentorés et nos mentors.
Plus nous serons en mesure de démontrer l’énorme gratification de celles et ceux qui ont vécu une expérience mentorale, que ce soit comme mentor ou mentoré, plus nous allons attirer de gens dans notre réseau.
PD : On ne peut pas faire de mentorat sans mentors. Le recrutement, c’est fondamental et prioritaire pour nous. On n’aura jamais assez de mentors…
Un article signé Stéphane Desjardins.