Les bienfaits du silence
Auteur : Marius S. Brisson, mentor, Réseau Mentorat Laval.
Il marque autant la réflexion que l’étonnement, la paix et la surprise, la pause et l’indignation, l’émotion et la prière, l’écoute et le respect.
Qui suis-je ? LE SILENCE.
« Le silence est un ami qui ne trahit jamais », disait Confucius. Un ami qui peut parfois être source de malaise, mais, attention, le silence – une fois apprivoisé – peut devenir un outil de communication efficace au pouvoir redoutable et aux bienfaits insoupçonnés, particulièrement pour les mentor(e)s que nous sommes.
Avant d’évoquer les différentes formes de silence et ses bienfaits, commençons par sa définition. Le silence, du latin silentium, est d’abord une absence de bruit, d’agitation. Le fait de ne pas parler. État d’une personne qui ne s’exprime pas.
Mais attention, le silence est aussi une action : fait de se taire, de ne rien dire.
Donc, le silence est beaucoup plus qu’une absence de bruit. C’est une action que l’on peut programmer, proposer, commander, voire imposer.
Comment ne pas savourer ces heureux moments de quiétude, de calme et de ressourcement – offerts gracieusement par le silence – sur un lac, en forêt, en retraite, en promenade, au théâtre, dans une séance de méditation, lors d’un concert symphonique ou tout simplement devant un livre ou un coucher de soleil.
La première grande observation des astronautes en orbite autour de la terre fait référence à « la force du silence » dans l’espace.
Dans un monde grouillant d’activités, si agité et si bruyant, il est tellement réconfortant de constater jusqu’à quel point le silence peut être réparateur, rassurant et apaisant.
Et pourtant le silence est là, à proximité, à portée de main, à notre disposition. À nous d’être à son écoute, de le faire entrer dans nos vies, de le comprendre, de l’accepter et de composer avec lui. Bref, de l’apprivoiser et de l’utiliser dans nos rencontres avec nos mentorés.es comme « serviteur bienveillant de la tranquillité et de la réflexion ».
Au début de ma carrière, comme journaliste, il fallait raconter de bonnes histoires, faire preuve de concision et éviter à tout prix les silences dans nos comptes rendus à la télé. Quelques années plus tard, chez le concurrent, c’était tout le contraire alors qu’on m’enseignait, en session de formation, les vertus du silence et combien il était important de se mettre à l’écoute de ses invités pour faire découvrir aux téléspectateurs « le pouvoir du silence » en entrevue.
J’ai découvert à ce moment-là toute « la puissance du silence » parce que beaucoup plus concis que la page, le paragraphe, le titre et le mot, il incarne, à lui seul je pense, la « quintessence de la concision ». Sans dire un seul mot, il parvient à révéler toute l’intensité d’une surprise, d’une indignation, d’une émotion éprouvée par une personne en entrevue. J’ai réalisé dès lors que le silence faisait partie intrinsèque de la communication et qu’il parlait si fort… sans dire un mot.
En fait, le silence dispose de sa propre éloquence, souventes fois plus précieuse que les paroles.
Entre autres, le silence peut être magique quand il guérit, éclairant lorsqu’il permet de trouver une réponse, intérieur quand on réussit à le respecter et bienveillant quand il est empathique, rassurant et apaisant.
Aujourd’hui, notre rôle de mentor nous invite à accompagner l’humain entrepreneur.e en faisant œuvre de silence pour se mettre à l’écoute de l’autre. Le plus merveilleux c’est que ce « serviteur de l’équilibre » ne tolère pas de vide.
Le silence est là pour nous et il occupe tout l’espace. Mais encore faut-il lui tendre l’oreille. Donnez-lui la chance de s’immiscer tout doucement dans vos rencontres avec vos mentoré(e)s. Il va permettre à votre vis-à-vis de mieux réfléchir, de marquer un temps d’arrêt, de dénicher une solution à un enjeu, reformuler une réponse, simplement de reprendre son souffle ou mettre de l’ordre dans ses idées.
Pour contourner les malaises éventuels, privilégiez une approche rassurante et obligeante avec votre mentoré(e), histoire de préparer le terrain au silence, de l’accueillir avec bienveillance et vous constaterez tout le travail efficace qu’il peut accomplir en votre faveur.
Gandhi, proposait une journée de silence par semaine. On peut commencer par quelques moments privilégiés de silence, plus courts, moins nombreux. Puis, on augmente la cadence tout doucement en se rendant, par une attitude rassurante, encore plus disponible à l’autre et vous constaterez l’effet bénéfique qu’il peut avoir dans l’enrichissement de vos rencontres. Il peut même agir comme baromètre de la qualité de la relation que vous entretenez avec votre mentoré(e).
On a répertorié dans le monde 50 zones de SILENCE ABSOLU.
Mais le plus beau voyage je vous invite à le faire à l’intérieur de vous-même. Vous y découvrirez un trésor… le siège du silence qui enveloppe et protège, comme une sorte de « manteau de clémence ».
« Choisir avec qui parler est très important, mais comprendre avec qui garder le silence l’est encore plus » disait Audiard.
Bon voyage!