Caroline Bouchard - Un pilier pour la région
Saviez-vous que provenir d’une famille en affaires est un facteur déterminant dans le fait de devenir propriétaire d’entreprise?
En effet, l’Indice entrepreneurial québécois 2017 révèle que le fait de provenir d’une famille en affaires augmente les chances de devenir entrepreneur (que ce soit par la création ou la reprise d’entreprise) de 2,9 fois chez les femmes, et de 1,6 fois chez les hommes. L’exemple de Caroline Bouchard en est une belle illustration.
Même si a priori le Marché Centre-Ville aurait dû trouver acquéreur chez l’un des deux frères de Caroline Bouchard, c’est elle – la cadette – qui reprend l’entreprise familiale à 26 ans. L’entrepreneuriat, pour elle, c’est pour ainsi dire un réflexe. C’est avec aisance et satisfaction qu’elle saisit toutes les occasions, analyse l’entreprise sous toutes ses coutures, repère les failles et agit avec discernement pour mener l’organisation au succès.
Très jeune, Caroline travaille pour ses parents à leur marché d’alimentation situé au coeur de la ville de Chicoutimi au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle entame des études en dessin industriel qui ne se poursuivent pas. Amoureuse à 16 ans de l’homme qui deviendra son mari, elle décide de demeurer au Saguenay plutôt que de se diriger vers Montréal. Caroline prend une année sabbatique pour faire le point. Ses parents envisagent alors de céder l’entreprise à l’un de leurs deux fils déjà dans le domaine de l’alimentation. Les frères de Caroline n’ont aucun intérêt à poursuivre le rêve de leurs parents, contrairement à leur soeur qui voit depuis toujours les multiples possibilités du commerce et imagine les décisions qu’elle y prendrait. La vente avec un potentiel acheteur est sur le point de se conclure quand Caroline insiste auprès de son père pour reprendre l’entreprise familiale. Ce dernier, réticent, tente de l’en dissuader. Il est inquiet pour sa fille qui s’apprête à rencontrer des problèmes de rentabilité, ainsi qu’une gestion et un stress immenses. Mais Caroline est confiante. Son audace lui permet à la fois d’aller chercher le financement nécessaire en à peine deux semaines, et de convaincre son père de lui céder l’entreprise.
Employée à ce moment-là à titre de caissière et travaillant dans l’administration, Caroline met du temps pour s’apercevoir que ce n’est pas en travaillant sur le plancher qu’elle fera profiter l’entreprise. Elle peut heureusement compter sur le soutien de son père, mais aussi de son comptable qui lui permet de comprendre les états financiers. Elle étudie également, à temps partiel, pour obtenir un baccalauréat en ressources humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi.
«Ç’a pris un temps avant que je me rende compte que ce n’était pas en travaillant moi-même sur le plancher que j’allais réussir à faire de l’argent. C’est plutôt au bout de peut-être 8-9 ans que je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus en analysant mes chiffres.»
Le Marché Centre-Ville est maintenant un incontournable dans la région grâce à un travail colossal de sa propriétaire. Caroline mise sur un commerce très spécialisé où l’on trouve des produits de qualité disponibles nulle part ailleurs. Elle se distingue par son offre (départements de microbrasserie, de charcuterie, de saucisses, de mets cuisinés), mais aussi par un service à la clientèle hors pair.
Mais ce n’est pas seulement cette entreprise qui bénéficie de son talent et de sa détermination. La Saguenéenne est aussi à la tête d’une boucherie depuis moins d’un an, ainsi que de trois boulangeries au Lac-Saint-Jean depuis environ cinq ans avec deux associés. C’est sans compter le supermarché Provigo qu’elle a géré pendant neuf ans, le centre de découpe de viande qu’elle a détenu pendant quatre ans, ainsi qu’un marché d’alimentation qu’elle a possédé pendant cinq ans.
Caroline bénéficie également d’une grande visibilité en participant à des concours d’entrepreneuriat féminin. Elle réussit à remporter deux fois de prestigieuses récompenses : en 2005, le Prix Femme d’affaires du Saguenay de la Corporation des femmes d’affaires du Saguenay, et en 2011, le Prix Femme d’affaires du Québec dans la catégorie Entrepreneure, grande entreprise du Réseau des femmes d’affaires du Québec. Ces distinctions lui ont permis de rayonner davantage au sein de sa communauté, lui apportant une belle reconnaissance et de nouvelles occasions d’affaires.
Sa passion de l’alimentation et son sens inné des affaires en font une entrepreneure qui réussit avec brio. Mais quand l’entreprise profite au maximum et que les défis sont relevés, Caroline n’est plus stimulée et vend. Elle recherche davantage l’équilibre entre l’entrepreneuriat et sa famille qui compte deux filles de 24 et 29 ans. C’est son défi d’aujourd’hui.