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Pour Annie Perreault, garder son calme fait toute la différence

Annie Perreault
Annie Perreault Mentore

Annie Perreault a eu trois entreprises manufacturières : une femme dans un monde d’hommes. Partager ses succès et ses échecs est une seconde nature pour elle.

Annie Perreault a travaillé pour des multinationales agroalimentaires comme Parmalat, Maple Leaf ou Best Foods pendant 11 ans, jusqu’en 2005. Cette année-là, avec un associé et l’appui de Desjardins, comme actionnaire minoritaire, elle achète une PME d’emballages alimentaires, Delta Pak : une vraie shop de 60 employés. Après deux ans, elle donne naissance à des jumeaux. Au bout de trois autres années, elle achète son principal compétiteur, Isapack, et fusionne les deux entreprises dans des locaux plus spacieux, à Anjou. En 2011, elle achète Flexo, qui produit 50 millions d’étiquettes alimentaires pour des clients dans l’agroalimentaire, la pharmaceutique et la fabrication industrielle. En 2014, elle devient présidente, puis revend Flexo, deux ans plus tard, à un compétiteur canadien et rachète son associé. En 2019, elle cède son entreprise à des Américains et se donne un peu de temps pour respirer.

Ça ne durera pas très longtemps.

« Je suis incapable de ne rien faire, confie-t-elle. Je me suis impliquée dans Anges Québec comme investisseure et analyste de dossiers. De fil en aiguille, des amis lui ont présenté le Réseau Mentorat. Elle est devenue mentore. Elle ne l’a jamais regretté.

« Je suis un peu champ gauche aux yeux de plusieurs, révèle-t-elle. Dans l’industrie manufacturière, les femmes se font rares. Dans les réunions de chefs d’entreprises dans lesquelles Desjardins avait investi, j’étais la seule femme. Quand j’ai vendu Delta Pak, les acheteurs se demandaient comment j’en étais venue à aboutir dans le manufacturier. D’autant plus que j’étais chef d’entreprise et… chef de famille monoparentale. »

Lorsqu’elle discute conciliation travail/famille avec ses mentorés, Annie Perreault ne peut s’empêcher de sourire. « Pour ménager du temps, j’avais engagé un chef, Antoine au quotidien (il n’y avait pas de service comme Good Food dans ce temps-là…), qui préparait nos repas pendant que je faisais les devoirs avec les enfants. Dès qu’ils dormaient, vers 21h, je travaillais jusqu’à 23h ou minuit. J’avais une application sur mon téléphone : je me couchais et je me réveillais avec mes machines. »

Juste avant de vendre, elle avait 125 employés : « J’étais bien entourée, ils ne me dérangeaient pas pour rien, dit-elle. Mais j’étais tout le temps à l’usine. C’était difficile pour moi de prendre du recul mais, au moins, je ne m’occupais pas de la production. J’avais un directeur d’usine, des chefs de département. Malgré tout, c’était difficile de gérer le personnel avec la crise de la main-d’œuvre, qui ne date pas d’hier. Quand Bombardier offre de gros salaires, des avantages sociaux alléchants, c’est dur de retenir ton monde. Surtout que nos machines produisaient 24 heures par jour. La moindre absence affectait lourdement la production. »

Elle se souvient d’avoir passé une fin de semaine familiale au chalet, à Tremblant, pour se réveiller un dimanche matin avec 26 appels manqués. Il y avait eu un sinistre à l’usine, la veille. Une crise parmi tant d’autres…

« J’ai adoré mon expérience en affaires, confie-t-elle. Tu mènes des projets, tu obtiens des clients, tu améliores la technologie, c’est très stimulant. Mais c’est aussi épuisant : un jour, tu vis une crise, le lendemain, tu es tout requinqué… »

Annie Perreault explique que les clés du succès, en affaires, c’est de bien s’entourer et de s’efforcer de garder son calme en toutes circonstances. Il ne faut pas avoir peur de consulter les personnes appropriées, d’établir des relations de confiance qui nourrissent le succès.

« Quand tu es entrepreneur, tu es bien entouré sur le plan professionnel. Mais, personnellement, tu es seul avec tes angoisses, tes réflexions, tes décisions. L’entrepreneur peut ainsi partager ses réalités avec son mentor. Quand tu es angoissé, un mentor te permet de prendre du recul, de réfléchir, de trouver des réponses. Si j’avais eu un mentor au début de ma carrière d’entrepreneure, j’aurais réellement apprécié! »

Annie Perreault travaille aujourd’hui en accompagnement, en financement et en services conseils chez PME MTL. Dans le cadre de son travail, elle recommande souvent le mentorat pour entrepreneurs. « Pour moi, un mentor, c’est un peu un psychologue d’affaires, conclut-elle. Il s’adresse à la personne, il ne donne pas des conseils, mais propose un tableau de bord. Le mentoré prend ses décisions par lui-même. C’est un processus unique, exceptionnel, très enrichissant! »

 

Propos recueillis par Stéphane Desjardins.

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