Comment donner un second souffle à la relation mentor-mentoré?
Auteur : Paul Ouellet, Mentor en économie sociale et responsable du développement du mentorat en économie sociale au Québec.
Un mentor doit toujours privilégier accueillir son mentoré avec les préoccupations du moment. Le « comment ça va? » ou « le quoi de neuf? » demeure la meilleure porte d'entrée.
Le sujet de la dernière rencontre n'est peut-être plus la priorité du moment! Nous devons compter sur notre capacité d'écoute attentive et nos habiletés à poser de bonnes questions pour dynamiser et enrichir la rencontre mentorale. Trouver les noeuds et les questionner avec respect et bienveillance.
La vie étant ce qu'elle est, il arrive cependant des moments où l'échange vrai et authentique s'amorce plus difficilement. Le sentiment de faire du «sur place» peut alors apparaître. C'est normal! Ça ralentit. Pas de panique!
Comment faire pour donner un second souffle à la relation mentor-mentoré? Deux moyens : les cartes cachées et les questions papillons.
Les cartes cachées
Après chaque rencontre avec ses mentorés, un mentor peut noter un ou deux éléments exprimés verbalement ou non par le mentoré au cours de la conversation. Des bouts de phrases qui glissent sans que l'on s'y arrête. Cela peut être une simple allusion ou une remarque qui n'a fait l'objet jusqu'à date d'aucun échange. Des sujets non abordés mais déjà nommés dans les échanges.
Quelques exemples :
- « Je suis bien occupé, j'ai moins de temps pour mon équipe de travail mais ça va, ils me font confiance...»
- « Une bonne fois, j'aimerais ça te parler de cela mais ça presse pas.»
- « J'ai de la misère à me libérer pour nos rencontres mais là je veux te parler absolument d'un sujet particulier.»
- « Je t'ai entendu prendre la parole lors de tel événement, c'est vraiment facile pour toi ...»
- « J'en ai plein les bras, et ma femme dit que j'entre tard mais là j'en peux plus avec mon associé.»
Le mentor accumule ainsi pour chaque mentoré quelques remarques, allusions ou bouts de phrase que j’appelle des cartes cachées lesquelles seront très utiles lors d'une rencontre qui lève moins. Le mentor peut alors dire à son mentoré : « Tu sais, il y a deux rencontres, tu as dit ... Qu’est-ce que tu voulais dire par cette phrase?».
Et ça redémarre avec des questions ouvertes : le mentor doit prendre la responsabilité d'animer le jeu de temps à autre.
Les questions papillons
Effet papillon : théorie qui explique comment un événement minuscule peut entraîner un enchaînement d’événements pour arriver au final à un résultat complètement inattendu et d’envergure insoupçonné au départ.
Il existe une autre façon de faire rebondir un tandem (dyade), notamment en utilisant des questions papillons qui arrivent sans être attendues mais valables pour tout entrepreneur. Des questions sur des sujets de base jamais abordés. À ce moment, le mentor utilise son initiative pour amener son mentoré sur de nouveaux terrains. Évidemment, pour utiliser ce moyen la relation de confiance mutuelle doit être très bien établie. Une bonne manière d’aborder ces nouveaux sujets est de demander la permission au mentoré. « Me permets-tu de te poser une question sur tes croyances? » Ou « Une question sur tes qualités?» Ou « Une question sur ton entreprise?»
Exemples :
- « Dans les prochains mois, de quelles compétences penses-tu avoir le plus besoin? »
- « Qu'est-ce qui est le plus facile pour toi? Qui te cause le moins de stress. »
- « Quels sont tes modèles d'entrepreneurs? Qu’est-ce que tu apprécies chez eux? »
- « Comment tu caractériserais ton leadership ? Aimerais-tu y changer quelque chose? »
- « Avec qui as-tu le plus de facilité à travailler? »
- « Si je prononce le mot stress, comment tu réagis? »
- « Tu te vois où dans trois ans? »
- « Si tu décidais d"avoir un associé, quel profil tu rechercherais? »
- « Si je te demandais à brûle pour point, quel est actuellement ton top top défi d’entrepreneur? »
L’effet papillon peut donner d’excellents résultats puisqu’il amène le mentoré sur des terrains nouveaux auxquels il n’a possiblement jamais réfléchi.
Voilà deux manières de réactiver une relation mentor-mentoré qui ralentit et de rendre service à son mentoré.
Souhaitons-nous bonne chance et cent fois sur le métier remettons notre ouvrage.