Sortir des sentiers battus
Parler « informatique » avec des développeurs, discuter « business » avec des entreprises manufacturières, oeuvrer dans un monde majoritairement composé d’hommes, ça n’effraie pas Amira Boutouchent. Originaire d’Algérie, la jeune femme de 27 ans n’a qu’une idée en tête depuis toujours : vivre le défi de l’entrepreneuriat. Gageons que BRIDGR, sa première entreprise, est la pointe de l’iceberg.
En 2014, Amira gradue d’une maîtrise en science de la gestion, administration des affaires et management des HEC Montréal. Il s’agit de son 2e diplôme, puisqu’elle débarque d’Algérie avec en poche un titre d’ingénieure informatique en 2012. Tout au long de ses études à Montréal, un professeur l’encourage vivement à se lancer en affaires. Elle n’est pas difficile à convaincre. Pour elle, c’est un choix logique depuis le départ. Avec comme modèle un père entrepreneur, Amira s’implique en entrepreneuriat avant même d’arriver au Québec. Elle organise de nombreux événements et participe activement à plusieurs associations dans le domaine en Algérie. En attendant de savoir exactement quel type d’entreprise elle souhaite créer et d’en avoir les moyens, elle travaille pour une chaire de recherche des HEC. Elle écrit sur des cas stratégiques et opérationnels de différentes entreprises d’ici, mais aussi de son pays natal.
Même si sa famille vit loin d’elle et qu’Amira a pour objectif de venir à Montréal pour étudier, elle se trouve rapidement un argument de taille pour prolonger son séjour. Pour confirmer son choix de créer une entreprise, mais surtout ses compétences, elle pose sa candidature à l’incubateur Founder Institute de Montréal, un programme intensif et bien encadré pour entrepreneurs en devenir. Ces trois mois changent la destinée d’Amira. BRIDGR voit officiellement le jour en mars 2016 à la suite de sa participation. Avec son associé, elle aide des petites et moyennes entreprises manufacturières à trouver et à collaborer avec des
experts afin de réaliser et faciliter leur transformation numérique. Sa formation d’ingénieure est l’une de ses grandes forces, puisqu’elle peut autant parler « business » que « technique » et mettre en place des processus qui permettent à son équipe d’être efficace.
Amira a dû prouver à sa famille, comme beaucoup d’autres entrepreneurs, que l’entrepreneuriat est pour elle une vocation et non un caprice. Son statut de nouvelle arrivante est également un frein. Avec BRIDGR, elle n’a pas pu s’incorporer au fédéral, mais plutôt au provincial. Malgré les nombreuses démarches à compléter, l’Algérienne d’origine nuance ses propos en mentionnant qu’il est tout de même beaucoup plus facile de se lancer à Montréal que dans plusieurs autres pays.
Amira est totalement motivée par son choix. Elle adore relever des défis, se renouveler, prendre des décisions. Par contre, après plusieurs années à travailler sans vacances, elle aspire à trouver un équilibre. Amira a tout l’avenir devant elle et souhaite amener BRIDGR à un autre niveau et avoir un impact considérable dans le milieu manufacturier.
« Quand je fais une rétrospective, je pense que ça m’a aidé d’avoir toujours été dans un environnement d’hommes. Quand j’étudiais comme ingénieure en Algérie, j’étais dans une école d’informatique où il n’y avait pas beaucoup de filles. J’ai appris à composer avec les hommes en étant toujours avec eux. »